Illustration du management régénératif

Hier, un ami me dis­ait avoir vision­né une vidéo tournée en Ital­ie où il était fait la démon­stra­tion que les fruits et légumes importés du Maroc étaient de meilleure qual­ité et bien moins chers que ceux ven­dus dans le Roy­aume. Même si la fréquen­ta­tion régulière des marchés me le lais­sait sup­pos­er, jamais, je n’avais eu sous la main des faits, apparem­ment, aus­si indé­ni­ables.

C’est une excel­lente illus­tra­tion de ce que je défends dans mon dernier livre, “L’intelligence spir­ituelle et le man­age­ment régénératif”. Je suis en recherche active d’un édi­teur, mais vous pou­vez déjà me con­tac­ter pour réserv­er votre exem­plaire.

Abor­dons rapi­de­ment la sit­u­a­tion. D’un côté, il y a la logique de la “max­imi­sa­tion des prof­its”, chère à nos entre­pris­es et indus­triels. C’est le cœur de la pen­sée marchande, voire de l’idéologie marchande, qui gou­verne notre monde cap­i­tal­iste. Der­rière cette logique se cache quelque chose de plus per­vers, que cer­tains appel­lent pudique­ment “la mutu­al­i­sa­tion des pertes et la pri­vati­sa­tion des prof­its”. Com­ment puis-je par­ler de mutu­al­i­sa­tion des pertes alors que l’entreprise agri­cole vend ses pro­pres récoltes issues de ses pro­pres champs au plus offrant ? Elle n’a pas fait de hold-up, comme l’ont fait les ban­ques au moment de la crise de 2008, où ce sont en fin de compte les États, et donc les citoyens à tra­vers leurs impôts, qui ont essuyé leurs pertes.

Pour l’expliquer, voyons les choses d’un peu plus près. Le Maroc souf­fre depuis longtemps de pénurie d’eau. Il est demandé à tous les citoyens, à tra­vers la fis­cal­ité, de faire un effort pour créer, entre-autre, des unités de dessale­ment d’eau de mer, mais aus­si des “autoroutes de l’eau”, etc. Nous savons que cette eau prof­ite, aus­si, à l’agriculture, qui est l’un des plus grands con­som­ma­teurs. Je n’y vois pas d’inconvénient. Incidem­ment, j’ai lu dans la presse que cer­tains exploitants ont été écroués pour en avoir détourné au prof­it de leurs cul­tures. Morale­ment, il m’est dif­fi­cile de con­damn­er quelqu’un qui cherche à sur­vivre. Encore faudrait-il que la pop­u­la­tion “lésée” tire la con­trepar­tie de ses sac­ri­fices “for­cés”, à savoir dis­pos­er de fruits et légumes sains, de qual­ité, bons pour la san­té et à des prix acces­si­bles.

J’ai pris l’eau en exem­ple, mais il y a bien d’autres choses qui sont payées par la com­mu­nauté et dont jouit le pro­prié­taire ter­rien. Par exem­ple, l’ensemble des citoyens finan­cent l’armée et la police qui per­met au “fel­lah” de voir ses champs pro­tégés con­tre les voleurs et les malveil­lants. Ce sont eux qui lui per­me­t­tent de préserv­er ses pro­priétés et ne pas se voir spolié. Ce sont aus­si les citoyens qui payent un lourd tribu aux prob­lèmes envi­ron­nemen­taux qui peu­vent avoir été causés par l’usage des engrais, pes­ti­cides et autres pro­duits chim­iques…

Si nous devions faire l’inventaire, nous trou­ve­ri­ons que beau­coup de choses sont payées par le citoyen. C’est la “mutu­al­i­sa­tion des pertes” ou, dans notre cas, la “mutu­al­i­sa­tion des coûts”. Comme je l’expose dans mon livre, le principe voudrait que le “man­ag­er régénératif” ne s’arrête pas aux murs de son entre­prise ou aux lim­ites de son exploita­tion. Il doit inclure tout ce qui dépasse les fron­tières de son entité dans ses déci­sions : l’environnement, l’écosystème, ses conci­toyens, etc. À la logique de la “max­imi­sa­tion des prof­its”, opposons une logique “d’optimisation des prof­its sous con­trainte volon­taire”. Dans le cas de notre cam­pag­nard, il serait logique que ses conci­toyens puis­sent, en récom­pense des sac­ri­fices qu’ils font, jouir, à prix raisonnables, de den­rées qui entre­ti­en­nent leur san­té et leur bien-être. Avec une san­té qui s’améliore, c’est le bud­get de l’État qui s’en trou­ve soulagé d’autant, allégeant, de ce fait, la pres­sion fis­cale qui pèse sur les épaules de tous. Je m’arrête là, mais nous pour­rions pour­suiv­re ain­si la chaîne vertueuse des caus­es et des con­séquences.

Pour con­clure, suis-je occupé à sug­gér­er qu’il doive tout ven­dre locale­ment ? Pas néces­saire­ment. Une part sig­ni­fica­tive et suff­isante de ses récoltes, idéale­ment de qual­ité, peut être dédiée au marché local, le reste pou­vant servir à génér­er des prof­its com­plé­men­taires per­me­t­tant d’atteindre “l’optimum” que nous évo­quions.

Et “l’intelligence spir­ituelle” dans tout cela, où inter­vient-elle ? Dans le saut de con­science qui pour­rait être fait, si on est croy­ant, en se rap­pelant que c’est Dieu qui gère le monde, que c’est Lui qui nous nour­rit, et que, quoi que nous fas­sions, nous n’aurons jamais que notre des­tin, comme Dieu nous l’explique claire­ment dans le Coran. Il y dit aus­si “qu’Il apporte des solu­tions par des voies insoupçon­nées”. Com­prenons qu’Il n’a pas besoin de notre tra­vail ni de notre argent pour nous don­ner ce qui nous est des­tiné de toute éter­nité. C’est pourquoi nous pou­vons affirmer que l’argent n’est qu’une illu­sion. Mal­heureuse­ment, la pour­suite mal­adive de cette illu­sion nous détourne d’un chem­ine­ment spir­ituel sain. Je défends l’idée que c’est en œuvrant à dévelop­per cette intel­li­gence spir­ituelle que nous parvien­drons à franchir le pas qui mène au man­age­ment régénératif.

Puisse Dieu guider tous les dirigeants et man­agers publics et privés dans la pra­tique d’un man­age­ment régénératif !